Hommage à Mathurin
Digne fils du Poitou, Mathurin est un brave;
Rebelle et sans frayeur, ne souffrant nulle entrave
Il quitte son village un matin de printemps
Le pas léger et sourd aux pleurs de ses parents.
À La Rochelle, au port, l’attend le grand navire
Gréé par le roi Louis pour grossir son empire.
Rêvant de terre neuve il s’embarque joyeux
Et à son cher pays fait ses derniers adieux.
La traversée est longue : la frêle caravelle
Ballotée par les vents sous la pluie qui ruisselle
Grâce à l’habileté des vaillants matelots
Brave la mer immense et la fureur des flots.
Puis un bon jour au loin apparaissent les côtes
D’un fleuve sans pareil bordé de forêts hautes
Comme des goliaths : aussi loin qu’on peut voir
Un spectacle fameux fait l’âme s’émouvoir…
Québec, Québec enfin! Au bas de la falaise
Un peuple bon enfant, gaillard et rempli d’aise
Accueille dans la joie ces nouveaux arrivants
Avec moult étreintes et vifs embrassements.
En ce temps, Québec n’est qu’une grande famille,
Et bientôt sur son passage plus d’une fille
Se retourne l’œil clair, le sourire charmeur…
Mais lui attend la mie qui gagnera son cœur.
Un soir à la veillée paraît Marie Mésange
Radieuse elle éclaire les lieux tel un ange.
Mathurin est séduit et demande sa main.
Ah! Que ne pourrait-il l’épouser dès demain!
C’est à Château-Richer où il loue une ferme
Qu’il s ‘établit d’abord trimant dur cinq ans ferme.
Puis au mitan du fleuve, à l’Île d’Orléans,
Il construit sa maison pour gîter ses enfants.
La terre est bonne… Il défriche, laboure et sème.
La famille grandit baptême après baptême :
Adultes ils sont tous quand le siècle prend fin.
Marie s’est en allée, puis la suit Mathurin.
Au Québec et partout leur descendance est vaste;
De leur sang nous formons une nouvelle caste.
Et grâce à ce couple de géants, notre nom
Jouit en cette contrée d’un éternel renom.
Marcel Chabot – automne 2008