Jacques Carbonneau
(English version coming soon) 40 ans de médecine de campagne…
( Jacques Carbonneau est le fils d’Albert Carbonneau et d’Aurore Chabot; Aurore Chabot est la fille d’Alyre Chabot et de Marie-Louise Lamontagne; Alyre Chabot est le fils d’Anselme Chabot et de Marie Corriveau. )
Parler de Jacques Carbonneau, l’homme qui a exercé sa profession de médecin pendant 40 ans à la campagne et, en plus, dans son village natal de Saint-Fabien-de-Panet, ce n’est pas une mince tâche.
40 ans de visites à domicile, à toute heure du jour ou de la nuit… 40 ans à suturer des plaies, à administrer des piqûres, à rédiger des ordonnances, à dépister des maladies… 40 ans à rencontrer de nouveaux patients, à voir et revoir des patients de façon régulière, à se retrouver au chevet de patients et à être appelé pour constater des décès… 40 ans pendant lesquels il lui aura fallu se rendre sur de multiples lieux d’accidents… 40 ans pendant lesquels il aura dû se tenir à jour, améliorer sa formation, affronter de nouveaux virus… 40 ans, c’est suffisant pour soigner différentes générations d’une même famille… Somme toute, ce sont là 40 années de fébrilité, de fierté, de certitudes et d’incertitudes, d’événements familiaux perturbés à de multiples occasions par le devoir professionnel, et j’en passe.
Enfance et scolarité
Mais d’abord, pour le bénéfice de ceux qui ne le sauraient pas déjà, je vous dévoile que Jacques est l’aîné d’une famille de cinq enfants. Ses parents ont tenu un magasin général pendant toute leur vie de travail, et ce magasin-là était situé à la Société, c’est-à-dire à l’endroit où les premiers colons de l’époque s’étaient regroupés en Société, avant même la création de la paroisse. Personne n’a poussé la recherche en vue de déterminer si ce phénomène pouvait constituer une situation propice à la transmission d’un gène d’enracinement… En tout cas, aujourd’hui, « La Société », c’est devenu le carrefour de la Route 283 et des rangs Saint-Jean-Baptiste et Saint-Isidore.
Comme c’était courant en ce temps-là, Jacques a fait son cours classique au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, pour ensuite s’acheminer à l’Université Laval, où il obtiendra son diplôme de médecine, en 1968.
À sa sortie de l’Université, il profite d’une opportunité qui lui est offerte pour commencer sa pratique à Saint-Prosper, en Beauce, où il ne séjournera que pendant une année : même s’il s’y est trouvé très bien accueilli et qu’il a apprécié l’expérience, son gène d’enracinement le chatouillait.
Il revient donc à Saint-Fabien-de-Panet pour y ouvrir son propre bureau, et c’est un plaisir pour nous tous de constater qu’il est encore parmi nous, et toujours actif, de surcroît !
Un homme passionné
On dit de lui qu’il a hérité de certains traits de la personnalité de son père, particulièrement du fait qu’il parle peu, mais qu’il écoute beaucoup. Comme son père était un passionné du jeu de dames et des jeux de magie, il est aussi un passionné. Cette passion, il l’a démontrée à différentes étapes de sa vie, par exemple, en suivant des cours de karaté jusqu’à l’obtention d’une ceinture noire ou en s’initiant à la méditation… Allier la santé du corps à celle de l’esprit, c’était là une image forte pour envoyer un message percutant à ses patients… sans trop parler, il va sans dire.
Une autre de ses passions, que j’ai déjà mentionnée, c’est certainement son attachement à la campagne, à la vie rurale comme on dit aujourd’hui, et particulièrement à son patelin natal, puisqu’au cours de sa vie, il aura participé à la construction, non pas d’une, mais de deux maisons en pierres! Et alors là, pas des pierres de n’importe où : seulement des pierres originales de Saint-Fabien-de-Panet! Il faut dire qu’il a toujours eu un très gros penchant et pour l’architecture et pour les antiquités : les styles de ces deux maisons le démontrent nettement… et elles aussi sont puissamment enracinées à Saint-Fabien… : elles vont certainement lui survivre!
Mais sa plus grande passion, c’est certainement celle qu’il voue à sa profession! Et cela, il nous le démontres de façon très claire en continuant encore aujourd’hui à exercer ta pratique de médecine… après y avoir déjà consacré 40 ans.
Il revient donc à Saint-Fabien-de-Panet pour y ouvrir son propre bureau, et c’est un plaisir pour nous tous de constater qu’il est encore parmi nous, et toujours actif, de surcroît !
Un médecin polyvalent et disponible
Son premier bureau occupait une partie de la maison située au 6, rue Principale Est, maintenant transformée en quincaillerie. C’est à cet endroit où, pendant des années, il a reçu les gens, sans rendez-vous, même après la messe du dimanche, afin d’accommoder certaines personnes qui souhaitaient profiter de cette occasion pour te voir.
Il m’apparaît important de souligner qu’en ces années-là, Jacques était le seul médecin à assumer un service sur les territoires de Saint-Fabien, Saint-Just, Sainte-Lucie, Lac-Frontière, Saint-Magloire et d’autres municipalités environnantes. N’empêche qu’ilacquiert rapidement une solide réputation, entre autres choses, pour ses injections de cortisone sans douleur. Et même si nous avions alors largement dépassé l’époque d’Émilie Bordeleau, c’est à Saint-Fabien qu’il a réalisé son premier accouchement, dont il garde certainement souvenir, même si ça a été une arrivée dans le monde plutôt précipitée.
Un autre fait important à souligner, s’il en est un, c’est l’incroyable disponibilité dont ce médecin dévoué fait preuve, dès le début de sa pratique, et dont il fait preuve encore, en se déplaçant à domicile : c’est là un autre élément clé de sa réputation. Non seulement cela démontre sa ténacité et sa persévérance au travail, mais cela confirme encore cette passion qui lui est propre.
Après quelques années de pratique, au cours desquelles il a fait profiter ses patients du droit qu’avait alors un médecin de détenir et de vendre des médicaments lorsque ce service n’était pas offert dans un rayon de tant de kilomètres, une pharmacie a été aménagée dans l’autre partie de la maison qui lui servait de bureau. Un nouveau service de proximité venait de prendre racine à Saint-Fabien, auquel il était étroitement lié. Si on ajoute à ceci la construction des deux maisons dont j’ai précédemment parlé, ainsi qu’à sa participation dans d’autres réalisations, nous nous devons de reconnaître chez lui un talent de bâtisseur!
Parcours professionnel
L’ancien Centre d’accueil situé face à l’église, aujourd’hui devenu un Centre hospitalier de soins de longue durée, a été construit à Saint-Fabien-de-Panet au cours des années 1970. Il nous est permis de penser que le fait qu’il existait déjà un bureau de médecin dans la place a peut-être eu une influence sur ce choix politique… qui sait? Une chose est certaine, Jacques s’y rend encore de façon régulière pour assurer un suivi auprès des personnes éprouvées, ou pour y passer quelques heures au chevet de mourants.
Au cours de la décennie suivante, dans les années 1980, un CLSC, ou Centre local de services communautaires, a été construit sur la rue Alphonse, à l’entrée nord-ouest de la municipalité. C’est une dizaine d’années plus tard qu’il se joint à l’équipe des médecins oeuvrant dans ce centre, tout en conservant son bureau personnel qui, entre-temps, a été déplacé au sous-sol du Centre communautaire municipal, où il reçoit encore des patients.
Bien qu’il ait partagé son temps de travail entre son bureau et le CLSC, son arrivée à ce nouveau lieu de travail a comporté un ajout à sa tâche, soit des « fins de semaines de garde », consistant à assurer la présence constante d’un médecin au CLSC, 24 heures sur 24.
Je crois bien avoir ainsi relaté l’essentiel du parcours professionnel de ce grand médecin. Il est vrai que je pourrais encore discourir sur l’évolution phénoménale de la médecine depuis 40 ans ou sur le fait que le mal de l’âme s’ajoute de plus en plus au traitement du corps, mais je prendrai exemple sur lui et me limiterai à parler peu… sans recourir toutefois au secret professionnel.
Gratitude pour ces 40 ans de services
Je terminerai en faisant plutôt un lien entre cette vie professionnelle trépidante, sa vie de famille et certains traits qui le caractérisent. Par exemple, il n’exprime pas souvent ses propres états d’âme, mais plusieurs d’entre nous savent depuis longtemps que, chaque fois où il était mandé sur les lieux d’un accident, sa principale crainte était d’y trouver quelqu’un qui lui était proche. De même, en temps que membre rapproché de sa famille, je suis bien placé pour savoir que ses nombreuses visites à domicile, ses visites régulières chez des patients particulièrement éprouvés et ses déplacements de nuit, ajoutés à ses « fins de semaines de garde », ça ne se vit pas sans chambarder un peu une vie personnelle et une vie familiale.
Pour ces 40 ans de services prodigués dans la communauté, il est de mise de signifier notre reconnaissance et notre gratitude envers cet homme passionné, discret, fidèle et engagé dans son milieu et de lui souhaiter de poursuivre sa tâche aussi longtemps qu’il le désire et le peut, pour notre plus grand bien.